L’Antarctique, les eaux norvégiennes (dans l’Atlantique nord) et celles du Japon
(dans le Pacifique nord), sont, au XXe siècle, les principales zones de chasse à
l’orque. Entre 1935 et 1980, 6000 individus ont ainsi été capturés.
Cette chasse à petite échelle, qui profitait surtout aux populations humaines
habitant dans ces régions, a été pratiquée non pas tant pour la chair de l’animal
(impropre à la consommation humaine et qui était transformée en aliments pour
animaux) que pour l’huile qu’il peut fournir (environ 700 kg pour un adulte) et
pour sa peau.
Le derme, très épais, qui renferme un solide réseau de collagène, était employé
pour la fabrication de semelles de chaussures !
Dans les années 70, le rythme de chasse à l’orque devenait un danger pour les
populations mondiales d’orques ; des directives furent adoptées dans certains
pays pour réduire cette destruction (en 1970 arrêté en France, au Canada...).
Au niveau mondial, c’est la Commission Baleinière Internationale qui régit
les prélèvements. Elle a fait valoir que l’on ne connaissait pas l’importance exacte
des populations exploitées, notamment dans l’Atlantique et, à sa demande,
la chasse a été interdite en 1981.
Mais les industries de l’huile ou de chaussures n’ ont pas été les seules causes
de la chasse à l’orque. Les orques ont été et sont encore la proie des baleiniers;
la chasse réelle à l’orque débuta dans les années 50, en Norvège, au Danemark,
Japon, ex URSS, Canada, USA , Pérou, Afrique du Sud…
Les pêcheurs japonais, islandais et norvégiens notamment, inquiets des
prélèvements par l’épaulard sur leurs stocks de poissons (saumons et harengs
principalement) et des dommages qu’il causait aux engins de pêche on fait
pression pour réduire ses effectifs.
En Islande, les orques ont appris à récupérer les flétans pris aux hameçons sans
même abîmer les lignes : elles prennent le corps du poisson et laissent la tête
accrochée à l’hameçon (Bloch et al., 1988).
Dans le Pacifique du Nord-Est, on a estimé que les poissons prélevés par les orques
ne représentaient que 7 % environ de la totalité des produits pêchés, ce qui est
fort modeste.
En revanche, au large des côtes norvégiennes, certaines évaluations chiffrent à
48 000 tonnes la consommation annuelle de harengs par les orques, ce qui
représente un pourcentage très élevé du stock de frai de ce poisson.
Il est pourtant des cas où les orques coopèrent malgré elles avec les pêcheurs,
elles indiquent de leur présence les bancs de poissons (Tasmanie, îles Féroé).
Peu à peu à la chasse s’est substituée la capture d’animaux vivants destinés aux
aquariums (Olesiuk et al.,1990). La première orque capturée le fut en Californie,
en 1961, une petite femelle dans le port de Newport.
Elle fut remorquée dans des filets et transportée au Marineland du Pacifique
(Sud de Los Angeles). Affolée elle se jeta violemment contre les parois du bassin et
mourut le jour même.
Le Marineland tenta une nouvelle capture, au large de Puget Sound l’année suivante:
ils capturèrent une femelle mais les cordages furent pris dans l’hélice du bateau.
La femelle appela si fort qu’une orque mâle attaqua le bateau ; les marins se virent
menacés et ils les tuèrent tous les deux.
Cet échec découragea une nouvelle tentative de la part du Marineland.
Prélevées jusqu’en 1976 dans le détroit de Puget en Colombie Britannique, elles ont
été capturées ensuite dans les eaux islandaises (c’est le cas de Kim, Freya et
Sharkane au Marineland d’Antibes) et ce jusqu’en 1988. Depuis, il n’y a plus de
capture, les orques se reproduisent en captivité.
Les populations sauvages aujourd’hui mieux aimées et mieux connues de l’homme
paraissent très florissantes. Cependant ce nouvel intérêt et cette popularité auprès
du grand public constituent paradoxalement une menace pour ces animaux.
Une véritable industrie touristique (« whale watching ») s’est développée à leurs
dépens. Dans certaines zones d’Amérique du Nord, leur domaine est maintenant
sillonné par de nombreux bateaux qui, souvent, portent atteint à leur tranquillité.
Dans le détroit de Puget en particulier, le trafic maritime a considérablement
augmenté et l’habitat de l’orque subit de ce fait des nuisances acoustiques
croissantes. Or, on l’a vu, l’audition, est le sens dominant chez les Cétacés.
Des troubles peuvent alors apparaître chez l’orque, et altérer grandement les
capacités de survie et le comportement social.
Le trafic maritime et les bruits qu’il engendre constituent donc une sérieuse menace
dont il importe d’évaluer les nuisances par un suivi de la population.
Par ailleurs une pollution chimique notable affecte cette même région.
Les poissons concentrent de nombreux produits chimiques toxiques, tels le mercure,
le plomb, l’arsenic…