Elle se caractérise par un « groupe en formation lâche, ne se déplaçant pas selon une
direction nette, sans coordination, chaque individu de façon sporadique va fureter de
son côté ; il semble que ce comportement soit lié à une répartition non uniforme des
proies (Osborne, 1986).
La coordination des mouvements au sein du groupe semble s’exercer grâce à la
production de signaux acoustiques très subtils tels que les clics et les cris, contacts de
proximité.
La localisation de proies telles que les éléphants de mer, les manchots royaux
s’effectue par écoute passive (écoute de l’éléphant de mer qui plonge dans l’eau,
écoute du manchot qui revient du large en marsouinant...).
Les orques utilisent une image de recherche acoustique plutôt que visuelle.
L’attaque de la proie
La technique d’attaque varie selon le groupe d’orques, mais surtout selon la proie
chassée.
Lorsque les orques chassent la baleine, ils forment des groupes de 3 à 40 (Silber et
al., 1990), prenant soin d’en écarter, par sécurité, les jeunes (Jefferson et al., 1991) .
Première phase : isoler la victime ; c’est souvent le rôle des orques mâles. Ensuite
(Florez-Gonzalez et al., 1994) (exemple de la chasse de la baleine à bosse) les femelles
harassent le jeune mégaptère au préalable séparé de sa mère. Puis, se saisissant des
nageoires, elles se placent sur l’évent ou le dos de leur victime pour l’empêcher de
respirer et mordent la gorge de l’animal évitant ainsi qu’il ne s’enfonce dans l’eau.
Ainsi, dans la chasse aux Pinnipèdes, l’entraide augmente également grandement
l’efficacité de la chasse : en particulier dans la chasse aux phoques qui se réfugient sur
les blocs de banquise dérivants. Après avoir repéré leurs proies, les orques s’éloignent
un peu des blocs, font demi tour et reviennent vers le bloc à très grande vitesse.
A environ 10 m elles plongent toutes en même temps, créant ainsi une énorme vague
qui soulève la glace et ... fait tomber le malheureux phoque.
Concernant la chasse des éléphants de mer, les orques établissent des patrouilles de
routine. Il semble même y avoir un partage inter-individuel des zones prospectées.
Cette disposition préétablie des membres du groupe dans une baie augmente
probablement les chances de rencontre avec des éléphants de mer, tout en permettant
une restriction de la communication entre les membres du groupe.
Chaque individu connaît ainsi la position généralement occupée par les autres.
La capture d’une proie de taille importante s’accompagne généralement de la
production de cris de contact entendus sur de longues distances par l’orque qui a
effectué la capture. L’émission de tels signaux acoustiques provoque l’arrivée rapide
des orques qui captent ce signal. La proie est quelquefois dépecée
(cf. manchots, Guinet, 1992) par deux orques, chacune tirant de son côté.
La technique dite du « carrousel », utilisée par les orques de Norvège chassant le hareng,
est aussi un bel exemple de chasse fondée sur l’entraide: l’idée est de rassembler les
harengs en une masse compacte près de la surface. Pour ce faire, les orques nagent en
contournant le banc de harengs, présentant leur abdomen blanc aux poissons.
Les orques émettent de nombreux cris, expirent sous l’eau laissant échapper des
chapelets de bulles d’air et frappent la surface avec leur queue. Elles maintiennent le banc
ainsi formé à la surface et chacune des orques, à son tour, assomme les harengs à coups
de nageoire caudale puis se nourrit des proies assommées pendant que le reste du groupe
maintient le banc en formation serrée.